Le GP de France Historique : un cluster de passionnés !

Il fallait le voir pour le croire. La journée de samedi au Castellet a été la plus belle des trois jours de l’événement. D’abord parce que le temps ensoleillé rendait la vie plus douce, ensuite parce que l’engouement populaire était sans égal. Le paddock était bondé du matin au soir, baigné dans une effervescence joyeuse. Marcher au milieu de la foule donnait du baume au cœur : certes, on y était aussi serré que dans le métro parisien à l’heure de pointe, mais la bonne humeur ambiante était contagieuse. Les spectateurs affichaient presque tous des mines radieuses ; les plus athlétiques traversaient en courant, un carnet et un stylo à la main, prêts à dégainer au passage d’un pilote.

La présence de Charles Leclerc, longtemps dissimulé à l’abri dans les loges, a créé un effet de foule impressionnant. Partout où le Monégasque apparaissait, ne serait-ce que furtivement, une nuée de fans se déplaçait à la vitesse de l’éclair pour tenter de l’apercevoir ou de prendre un selfie avec lui. Le pilote Ferrari a certes été le plus courtisé, mais chaque pilote parmi les plus connus a eu droit à des centaines de photos, des dizaines d’autographes et au moins autant de discussions avec des amoureux de vitesse.

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Cette communion était d’autant plus belle qu’elle réunissait un public auquel s’appliquerait bien la mention « de 7 à 77 ans », habituellement réservée aux jeux de société. Les spectateurs étaient aussi nombreux que variés, certains venus en famille avec des enfants en bas âge. Jessy et Élodie, un couple basé à Écully, ont fait le voyage avec Julie, leur petite fille de 6 ans. Pour Jessy, Netflix a ravivé la flamme de la F1 qui l’animait dans sa jeunesse. « Je suis revenu à la F1 et au sport auto par extension grâce à la série Drive to Survive sur Netflix. Ça a rallumé la flamme. Voyage, hébergement, prix des billets… le coût d’un GP moderne pour un spectateur a explosé, et nous n’étions pas prêts à un tel sacrifice. Le rapport qualité/prix, c’est le gros atout de ce Grand Prix historique. Il y a aussi cette proximité avec les voitures que les Grands Prix n’offrent pas. Moi, j’avais également ce désir d’approcher les voitures qui m’avaient fait rêver quand j’étais gamin dans les années 90. Nous avons pu échanger avec les mécanos, avec les pilotes, dans un cadre exceptionnel », se réjouit ce passionné.

Des hommes, des femmes, des enfants animés par la même passion que Jessy, il y en avait des milliers au circuit Paul Ricard. On pourrait parler de ce père et de son fils de 26 ans, qui ont réalisé un road-trip en moto pour venir camper à Signes, de Baudouin, ce jeune garçon étonnant qui se rêve journaliste sportif et qui n’hésite pas, à 15 ans seulement, à aller interviewer Zak Brown et Jacques Villeneuve pour son compte Instagram… Les histoires de vie sont légion au Grand Prix de France Historique, et il n’y a pas grand-chose de plus beau que ces regards d’enfants qu’arborent même les moins jeunes. Un couple de sexagénaires se baladait dans le paddock, l’homme heureux comme un enfant, la femme se contentant du bonheur de son époux. « Avant de venir, on a été à Six-Fours-les-Pins et à Sanary… Chacun son plaisir, donc ça équilibre ! » plaisante-t-elle.

Paradoxalement, l’événement et toute la joie qu’il procure font aussi remonter un sentiment d’amertume face à la perte du Grand Prix de France de F1, qui manque tant à son public. Lorsqu’on assiste à autant de ferveur sur un événement pourtant simplement historique, on est en droit de se dire que ces fans mériteraient mieux. Pas sûr qu’avec eux, les tribunes resteraient désertes les vendredis d’essais libres, comme à Las Vegas ou ailleurs. À vrai dire, après avoir assisté à ce week-end, on est même plutôt sûrs de l’inverse.